5 décembre 2024

Selon notre histoire, nous réagissons différemment à la guerre entre les Palestiniens et Israël. Mais nous sommes aussi influencés par les médias et l’opinion publique majoritaire du pays où nous vivons. 

Je vis au carrefour de plusieurs tendances, avec mon histoire particulière. Réfugiée palestinienne, c’est sous ce statut que je suis née en Côte d’Ivoire, après l’expulsion de mes parents de Haïfa en 1948. J’ai été horrifiée par le massacre du 7 octobre dont Antonio Guterres dit qu’il ne vient pas de rien mais de 56 ans d’humiliations et de non-respect des droits des Palestiniens. Ces Palestiniens qui supportent, depuis des années et en serrant les dents, la séparation forcée des familles, le manque de liberté dans les déplacements, l’enfermement entre des murs hauts de 8 mètres (véritable crime collectif au 21ème siècle), l’apartheid. 

Un peuple sujet à une humiliation quotidienne parce que celui d’en face est le plus fort et peut vous tuer sans dommages ou vous laisser pourrir en prison pendant des années sans jugement. Un peuple mis à genoux, appauvri mais qui refuse de disparaitre. Un peuple abandonné, un peuple en colère.

Certains me disent que les Palestiniens reçoivent beaucoup d’aides humanitaires. Pourquoi devraient-ils vivre à coups d’aides et de subventions ? Ils ont le talent, l’intelligence et la capacité de s’autogérer, s’ils en avaient la possibilité, c’est-à-dire si leurs droits étaient reconnus et appliqués. Mais les gouvernements israéliens successifs n’ont jamais respecté les centaines de résolutions des Nations-Unies, et se sont radicalisés. Ils ont colonisé sans cesse et de plus en plus ces dernières années, avec une accélération ces derniers mois en Cisjordanie.  Qui veut vraiment la mort de l’autre ? Qui est vraiment responsable de la situation actuelle ? Les Nations n’ont-elles pas toutes fermé les yeux en sachant pertinemment que la situation était intenable, invivable, inhumaine ? Qu’elle faisait le terreau de l’extrémisme et de la violence ? 

Presque 2000 Israëliens civils massacrés d’un côté, plus de 60.000 Palestiniens civils de l’autre, un territoire saccagé, des immeubles entiers, des routes, des institutions par terre, un peuple terrorisé et qui voit la mort en face, sous les bombes, sans eau et sans électricité, qui ne peut ni aller aux toilettes, ni boire, ni panser les plaies des blessés, ni enterrer les morts. L’horreur causée par l’inhumanité n’a pas le même visage mais elle est bien là, aussi à Gaza. 

La paix peut-elle arriver par surprise, alors que rien ne laisse présager une fin valable à cette folie meurtrière ?